Giovanni Santolini

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Le 23 Mars 1997 est mort à Kinshasa, Zaïre à l’époque, le p. Giovanni Santolini, Oblat de Marie Immaculée. Lors de  funérailles un cortège immense de gens (amis, connaissances, les gens qui avaient reçu de l’écoute et de l’attention, les religieux de différentes congrégations, les prêtres, les pauvres …) avait témoigné comment le p. Giovanni avait incarné avec son être missionnaire.

« Eroe per abitudine » est le titre d’une brochure qui raconte la vie de ce missionnaire, et il est également un résumé de ce qu’il avait été pour les frères que Dieu lui avait confiés.
Vingt ans après sa mort, la grande famille Santolini (frères, sœurs, petits-enfants et arrière-petits-enfants) s’est réuni à la maison provinciale des Omi dans Vermicino pour faire mémoire du p. Giovanni, à travers divers témoignages: ses origines familiales, sa formation, son service en mission. Un tel témoignage a été donné par un Comi.

Missione   come    testimonianza

A mon arrivée à Kinshasa, en 2003, ce qui m’a frappé était la forte présence du p. Giovanni dans la réalité de la mission.

A la messe pour  l’anniversaire de sa mort, un grand nombre de gens ont participé, même de l’extérieur de Kinshasa: des familles entières, des jeunes appartenant à des réalités différentes, des enfants.

Le même année, avec le p. Adrien Gesse, Omi,  nous avons commencé à nous demander ce que signifiait ce « mouvement » autour de la mémoire du  p. Giovanni et nous avons pensé à une fondation qui portait son nom. On allait sur sa tombe pour lui  confier cette idée et lui demander de nous aider à comprendre comment faire avancer cette intuition. Il y avait quelque chose qui nous a interpellés et  que nous ne pouvions pas laisser tomber.

La fondation est née en tant que développement de cette présence particulière du p. Giovanni, qui restait en vie au-delà même de notre compréhension, et se caractérisait, en particulier dans les premières années, en posant l’accent sur la recherche des valeurs qu’il incarnait dans sa vie et qu’il nous a laissés comme des pistes pour un chemin vers la sainteté.

A Kinshasa, en 2007, après la célébration du dixième anniversaire de la mort du p. Giovanni, avec la participation de certains membres de la famille et du p. Archiati, j’avais écrit quelques commentaires que j’avais alors partagé avec les membres de la fondation :

« Je croit que s’est ouverte une nouvelle phase dans la compréhension du valeur de sa personne. Soit pour ces qui l’ont connu, parce qu’ils découvrent des dimensions nouvelles ou  peut-être pas suffisamment approfondis de son service et de son vivre dans le don de soi-même, soit pour ces qui rencontrent pour la première fois ce témoin de l’amour, on peut dire déjà dans une perspective de sainteté.

Nous avons tous écouté la conversation du p. Paolo et comment, à un moment donné, il a dit qu’il y avait un secret dans la vie de Giovanni Santolini, et que ce secret était  à la base de tout son être, mais dont il n’a jamais parlé à personne.

Cette expression m’a beaucoup frappé et, aussi en comprenant que s’il s’agit d’un secret il reste un secret, je me suis interrogée pour comprendre, en partie au moins, quelque racine de ce secret.

En pensant à Giovanni je me suis demandée s’il n’est pas possible de trouver une dimension contemplative dans sa vie: une vie d’intimité avec l’Époux qui lui permettait de ne pas être avalé du monde.

Il s’occupait de beaucoup de choses, mais qu’est-ce que lui permettait de rester une personne simple, seulement un instrument de l’amour, si non l’être entièrement plongé en Dieu?Santolini4

Nous pourrions dire, à la manière de don Tonino Bello, que Giovanni était un « contemplattivo. » C’était le seul avec Dieu et de Dieu et pour cela il pouvait être de tous.

Est nécessaire avoir un cœur pur pour avoir un regard missionnaire, c’est-à-dire pour voir, juger avec les yeux de Dieu; pour voir en tout homme et en toute chose l’empreinte de son amour; pour voir chacun comme fils et frère; pour lire l’histoire comme histoire de salut. Et, même si beaucoup  de fois le prix à payer était très haut, pourtant, il n’a jamais démissionné. »

Lisons en Redemptoris Missio, n° 42 :

L’homme contemporain croit plus les témoins que les maitres, l’expérience que la doctrine, la vie et les faits que les théories. Première forme de la mission, le témoignage de la vie chrétienne est aussi irremplaçable. … dans bien des cas, c’est la seule façon possible d’être missionnaire.

P. Giovanni incarnait cette vérité, car pour lui la mission était essentiellement le témoignage d’une vie enracinée dans le Christ, et donc capable de générer la vie dans les frères. Sa passion pour aller aux extrémités du monde (comme nous le savon il a toujours demandé la mission ad gentes) est né à partir de son expérience de la foi, plutôt que comme une nécessité ou un appel externe. Pensons à la découverte, faite au deuxième lycée (comme il l’écrit dans la lettre demandant l’admission au noviciat), de l’appel à la sainteté: « J’ai compris que si je ne deviens pas un saint ma vie n’a pas un sens, alors j’ai commencé à faire de tout pour devenir saint».

Dans une lettre écrite à sa mère à l’occasion de ses premiers vœux, dit-il:

« Je serai consacrée à Dieu pour toujours! Ma vie va maintenant être inexorablement lié à celle de Jésus- Lui et moi, nous serons une même chose – Moi, Jésus! Quel mystère, quel mystère effrayant, étonnant et merveilleux. Ma vie va changer pour toujours. A partir de ce moment, toutes mes pensées, toutes mes actions seront pour mon bien-aimé, Jésus. »

 

Toute sa vie missionnaire est resté fidèle à cette relation dynamique avec Jésus, et certainement ont peut dire qu’elle a trouvé sa plus haute expression quand il était au Zaïre, pour tant de situations particulières,.

On peut se demander comment cela s’est manifesté dans le témoignage quotidien, souvent rempli de fatigue et de douleur, toujours cachés par son sourire, pour donner aux autres l’optimisme et l’espoir ?

Surtout avec un grand esprit de liberté, parce qu’il était convaincu que à la racine de sa mission il y avait l’Esprit qui l’avait envoyé: aucun missionnaire est envoyé par lui-même. Voilà pourquoi Giovanni était une personne libre, et cela lui a permis de devenir un avec ceux qu’il rencontrait, au point que tout le monde a pu dire de lui, et continuer à dire: « il était l’un d’entre nous. »

Au Congo, nous avons toujours insisté sur certains aspects comme le plus grand témoignage de lui. Et ces aspects plus que jamais deviennent les valeurs à collecter, en particulier par ceux qui veulent garder sa mémoire en tant que témoin qui ne doit pas être ignoré :

  • Son humilité : Giovanni ne faisait nullement attention à ses titres, à ses compétences, très nombreuses ;  il était à mesure de s’engager profondément au regard des relations avec les gens qu’il rencontrait, surtout des pauvres ; il avait réussi à conquérir le cœur de plusieurs personnes en redonnait du courage et de l’espoir à tous ceux qui l’approchaient.
  • Le sens du sacrifice : de lui on pouvait dire qu’il été un missionnaire vraiment donné pour les autres, un homme mangé, qui ne savait ménager aucun effort pour rendre les autres heureux. Cela par tant de sacrifice et de privation qu’il s’imposait. Sa vie ne comptait pas, celle des autres primait avant tout…
  • Un sens aigu de la passion du Christ : une réalité omniprésente qui animait la visée missionnaire de Giovanni. Une passion qui devenait amour concret pour un pays qui avait beaucoup des situations difficiles et parfois inacceptables à son intérieur, mais qu’il a aimé et servi jusqu’à la fin.
  • Le sens du positif: il écrit au p. Fabio le 5 Avril 1996, « Dieu ne supprime pas les problèmes, mais il me demande de l’aimer dans la difficulté, et peu à peu je me rends compte que ca est ce qui me motive, me donne la sérénité et la paix intérieure. Je pense que mon rôle d’ici est de donner la paix et la sérénité, de prendre sur moi la tension, même au risque de paraître stupide, pour faire en sorte qu’on ne se voit pas le problème, mais on voit le positif pour aller de l’avant. Doit être éliminé à tout prix l’esprit de défaitisme, le « rien vas bien du tout », de « faire tout mal et vous n’êtes pas en mesure de faire quoi que ce soit … ». Giovanni avait cette capacité de consumer la négative pour donner aux autres rien que le positif: un vide tout plein d’amour.
  • L’amour pour l’unité, l’unité de la famille oblate, par son forte appartenance. Il a estimé que sa mission au Zaïre devait être un instrument de communion dans le scolasticat, entre les Oblats de la province, y compris les Oblats du monde entier. Ce fut, cependant, son idée du missionnaire: « Le missionnaire est un moyen de communion entre les Églises. Il faut quelqu’un prêt à donner sa vie pour maintenir la communion « (06/07/1995). Pour cela il est resté au Zaïre, en dépit des difficultés, pour  être un instrument de  communion.

Santolini1À ce stade, nous devons encore nous demander ce qui nous laisse le p. Giovanni?

Une vérité que nous savons, mais que certainement il faut noter:

la première forme de la mission est le témoignage personnel de vie, qu’il a concrétisé à travers un parcours qui l’a vu:
– aimer tout le monde sans exclusion.
– vivre l’évangile de la paix, avec une mansuétude qui ne lui a pas empêché de faire face aux défis     les plus dangereux,
–   rester toujours enraciné en Dieu,

 

Antonietta Mongiò, Comi

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